Ils ont fait notre histoire

Parce que le terme « association » désigne aussi une réunion durable d’êtres divers, les Mirauds Volants n’oublient pas ceux qu’ils ont aimés, accompagnés, accueillis ou admirés. Cette page leur est consacrée…

 

 

 

A notre cher Patrice Radiguet

Le 6 avril 2022, notre ami Patrice nous quittait. Membre fondateur de notre association, il en était le pilier et la mémoire. Sa passion de l’aéronautique aura captivé bon nombre d’entre nous.

Il était de ces fadas qui prouvent que, plus que l’ignorance, c’est la passion qui repousse l’impossible.

Bon vol, et que la météo te soit favorable.

Stéphane Ropiteaux

Patrice en vol, aux commandes du F-PMPG

Patrice,

Tu m’avais bluffé lors de ma première visite au salon Autonomic de Paris….il y a un bail…. Je me suis crashée plusieurs fois mais ta patience, ta gentillesse, ton dévouement et ton professionnalisme m’ont aidé à passer le cap….de Bonne Espérance…. 😊

Je t’ai invité à montrer aux salariés de Macopharma à Tourcoing (Nord) comment un miraud pouvait voler ; tous ont été scotchés et m’en parle encore aujourd’hui. Ces interventions ont cassé quelques préjugés et c’est très bien. Le chien de Chantal a fait son effet aussi. 😊

Et puis, tu es tombé malade ; ce cancer qui hélas accompagne beaucoup d’entre nous et veut nous enserrer dans ses bras. J’arrive à le repousser…. ça n’a pas marché pour toi hélas et j’en suis bien triste.

Adieu Pilote et Merci pour l’Amitié que tu n’as cessé de me démontrer personnellement durant ces quelques années et j’embrasse très fort.

Marie-Claude Provoyeur

Chargée de Mission Handicap, MACOPHARMA

C’est une nouvelle bouleversante et triste. Il est important pour nous de rester unis, afin de faire vivre notre belle association !

Sofia Ornatckaia

Comment rester sans réaction…
Nous avions eu encore la chance de voir Patrice en mars dernier lors de notre assemblée générale.

Que dire de cette dure et douloureuse épreuve !

J’avais vu Patrice pour la première fois lors de mes premières années d’adhésion aux Mirauds Volants au cours d’un stage découverte à Saint-Etienne

Je garderai à tout jamais en mémoire les moments d’une très grande intensité et une amitié forte passés avec Patrice et le souvenir d’un homme qui a entrepris des choses incroyables.

Au travers des Mirauds Volants et de son action au quotidien, il est toujours allé à l’essentiel et a su nous montrer la beauté de la vie et qu’il était essentiel de réaliser ce à quoi nous tenons même si cela pouvait paraître impossible.

Pour sa force de caractère, son enthousiasme, son optimisme, son envie et sa joie de transmettre, un merci infini !

David BEGLET

Patrice, de profil, se livre à une découverte du simulateur de vol auprès d'une adhérente, au salon autonomic de Toulouse

Mr Radiguet était une personne bien connue dans nos associations pour son sérieux, sa bonne humeur et son investissement au sein de votre association « Les Mirauds Volants » en tant que Président mais aussi avec beaucoup d’autres casquettes (par exemple : formateur, développeur de matériel adapté, etc…) avec pour seul but de rendre le pilotage accessible à tous.

Pour ma part, j’ai toujours apprécié nos discussions sur les Mirauds Volants et ses projets mais également sur l’aviation.

 

Yannick Maurel

Directeur, Profession Sport Animation

Ayant été la toute première adhérente des Mirauds Volants, j’avais envie de vous faire part de ma gratitude envers Patrice qui était en tous points extraordinaire, enthousiaste et créatif au plus haut point, avec la création de cette association unique au monde !!
Moi, je l’avais connu au Lycée du Parc Saint-Agne à Ramonville, dans les années… 70 !! Ça remonte !! Il y était déjà un personnage haut en couleur et ô combien sympathique

Christiane Michon

Patrice guide un participant d'un salon vers la découverture tactile des simulateurs de vol
A Amiens, en 2009, Patrice, debout de profil dans sa combinaison orange, se tient devant le stand des Mirauds, au-dessus duquel une banderole flotte disant: "Même aveugle, pilotez un avion!"

Je savais que piloter sans la vue était impossible, puis un jour, j’ai rencontré quelqu’un qui l’avait fait. Non parce qu’il était un imbécile comme dans la célèbre phrase, mais parce que la force de son rêve avait été assez puissante pour nous ouvrir la voie des airs.

Merci pour avoir rêver aussi fort, pour ta gentillesse et ta compréhension.

Bon vol Patrice.

Eve Josset

Patrice montant dans son avion, dans sa combinaison jaune
Ici, Patrice est aux commandes de l'avion. Depuis la cabine, le paysage, tout en ciel et verdure, atteste en arrière-plan d'une météo idyllique

Je garde une extrême tendresse pour Patrice qui fut pour moi l’un des premiers à témoigner de la confiance envers ma jeune entreprise. A mes yeux, Patrice restera la définition même de l’enthousiasme. Il avait cette qualité, si précieuse, de toujours manifester son goût pour le travail bien fait, pour l’investissement personnel. Il savait dire ce qui allait et émettre des critiques positives dans un monde qui, parfois, pointe uniquement le négatif. J’ai découvert une personne érudite avec un immense appétit pour le partage.

Patrice m’a souvent confié qu’en lisant mes travaux pour l’association, il ressentait à nouveau les sensations qu’il avait en vol. Moi qui n’ai jamais mis les pieds dans un cockpit ! Je sais qu’en fait, c’était ses récits, les photographies prises en l’air, au-dessus des montagnes et des mers, qui convoyaient cette force et cette envie de grands espaces. Il y avait dans ses textes, ses livres et ses images, une sérénité communicative. Je n’ai fait que retranscrire ses exploits.

J’aurais aimé connaître Patrice plus longtemps ; et pourtant, en dix-huit mois de collaboration, j’ai beaucoup appris, tant humainement que professionnellement.

Puissions-nous, chacun à notre niveau, unir nos forces et nos talents pour poursuivre l’oeuvre littéraire historique qu’il avait entreprise sur l’aviation et les situations de handicaps.

Camille Lagarde-Belleville

Rédactrice et chargée de communication pour l'association

La direction du groupe Manatour et l’ensemble des salariés du Musée aeroscopia ont appris avec une immense tristesse la disparition de Patrice Radiguet, fondateur de l’association des Mirauds Volants.
Patrice était un habitué du musée. Il répondait toujours présent pour les animations auprès des publics qu’il affectionnait par dessus-tout. Il contribuait régulièrement à l’amélioration des dispositifs destinés aux personnes déficientes visuelles dans le cadre du label « Tourisme et handicap ».
Merci Patrice pour ta philosophie de vie, ton sens du partage, ta générosité débordante et l’humour dont tu ne manquais jamais. Aeroscopia demeure aux côtés des Mirauds Volants, envole-toi en paix ! Tu restes dans nos coeurs !

Musée Aéroscopia

Préparation de vol à Nogaro

Ce matin j’ai perdu un ami, cet ami qui vous embrasse quand il vous accueille chez lui vers Toulouse. Cet ami sincère, authentique, obstinément de bonne humeur, avec qui j’ai partagé une aventure humaine depuis 10 ans maintenant.

Ce matin l’aéronautique a perdu un pionnier, un de ceux qui se disent « c’est impossible donc on va le faire », dont l’objectif était de faire voler les aveugles, de leur permettre de faire quasiment à l’identique qu’un pilote voyant, les illusions sensorielles en plus.

Ce matin Patrice Radiguet nous a quitté et il laisse en moi une incroyable trace de bienveillance, de positivité. Quand je lui ai rendu visite chez lui il y a quelques semaines il parlait librement de cette maladie, il était plein de projets, de sourires et d’énergie, comme tout le temps.
Disponible, volontaire pour aider les autres alors qu’il était privé d’un des sens les plus importants de l’être humain, Patrice a passé sa vie à chercher à éveiller les gens sur le handicap, à faire des planches en braille pour les pilotes, à organiser des séminaires de pilotage adapté… au service des autres.

Nous avons vécu de jolis moments de complicité quand nous mettions au point le SoundFlyer, amenant son lot de situations cocasses ou son envie obstinée de traiter un mal-voyant comme un pilote privé d’un sens au lieu de l’assister couplée à son langage fleuri générait de grands moments de rire.

Tu vas me manquer Patrice, tu vas manquer à toute une communauté qui se souviendra à jamais de ce pilote présent sur toutes les manifestations, avec tes sandales en toute saison, ta barbe, ta combinaison orange, et cette fabuleuse capacité à retenir les gens au téléphone pendant des heures. Un « je te laisse » au téléphone était systématiquement ignoré 🙂
Adieu Patrice, c’était chouette de te connaitre au sol comme en vol.

Thomas Baudin

Bertrand Verine, fondateur et président de l’Afont – Association pour la Fondation du Toucher – livre un témoignage-portrait fourni pour mieux (re)découvrir Patrice, à travers son cheminement associatif, littéraire et artistique: un grand militant du toucher nous quitte.

Adieu Eric !

Dans un paysage de Lac - côtes sablées bordées d'arbres méditerranéens, pontons avançant dans l'eau et petits bateaux à quai - Eric contemple son F-BSIU en 2004

 

 

 

 

Mes amis(ies),

C’est avec une infinie tristesse que je viens vous faire part du décès d’Éric Vanroyen, l’un des trois fondateurs de notre association avec Jean-Claude Laporte et moi même, et certainement celui à qui les Mirauds Volants doivent le plus.

Éric est mort le 27 janvier de cette année à Annecy, et je comprends tout à fait que son nom ne soit pas familier des plus récents de notre association.

Il en fut pourtant le secrétaire et le chef pilote pendant nos toutes premières années ; d’ailleurs, à part Jean-Claude et moi, en est-il un de vous qui l’ait connu ?

Aviateur mais aussi marin, retiré depuis bon nombre d’années dans une Bretagne qu’il aimait, nous n’avions jamais perdu le contact et nous appelions deux à trois fois par an. Sans nouvelles de lui depuis la fin 2020, je m’étonnais que tous ses numéros de téléphones ne soient plus attribués, et c’est avec un autre ami que certains connaissent : J-P Nowak instructeur à Nogaro, qu’internet nous a permis de remonter jusqu’à son avis de décès.

Portrait de Éric VANROYEN, assis de profil à la vitre arrière du cockpit ouvert
F-BSIU sur le lac de Biscarrosse en 2004, proches des rives bordées d'arbres en forêts

Paix à toi, Éric, toi qui es parti sans bruit pour ton dernier vol, de ces vols dont nous avions partagé tant d’heures dans le ciel occitan pour imaginer toutes les bases du « pilotage à la voix », fondement de toute notre histoire.

Bon sang, que de délires n’avons-nous pas imaginé en vol !

Puis ce fut Biscarrosse et la mise du petit CESSNA F-BSIU sur flotteurs, avec toute l’aventure de l’hydraviation ; c’est Éric qui m’avait mis aux commandes de ce petit avion qu’il avait racheté à l’Aéro-club des Mousquetaires afin de m’apprendre à faire déjauger ce bateau volant qu’est un hydravion.

Vous pouvez concevoir qu’en vous écrivant ces lignes mon cœur saigne ; j’ai perdu un ami, un compagnon de joies et de doutes, voire de peines parfois. Mais nous avions entre nous une formule qui fit que jamais n’éclata entre nous la moindre brouille : c’est celui qui fait qui a raison.

Je pourrais vous parler ainsi d’Éric pendant des heures, pendant des pages, tant notre amitié et notre collaboration me sont toujours présentes.

Et pour celles et ceux qui voudraient en savoir davantage sur Éric et sur son rôle dans les débuts de notre association, lire ou relire mon livre : « Mirauds d’accord mais pilotes d’abord », disponible dans notre bibliothèque sonore.

 

 

Patrice

Toutes mes condoléances et bon dernier vol à celui dont tu m’as souvent parlé. C’est une partie de l’histoire de l’Association qui est parti avec Lui.

Avec toutes mes pensées pour sa famille.

Stéphane

F-BSIU sur un flotteur va s'arracher au lac en 2004

Une bien triste nouvelle qui me touche profondément. De temps en temps nous évoquions avec Patrice l’idée d’aller le rencontrer en Bretagne ou il s’était retiré un peu en Hermite. Nos avions vu un terrain pas très loin ou nous poser a sa rencontre… Il ne faut jamais remettre au lendemain…

Combien j’aurai aimé le revoir et reconstituer quelques heures encore le trio que nous avions formé a Auch pendant les 48 heures a son domicile a poser les statuts des mirauds volants.

Pilote professionnel, il était un homme adorable, élégant dans son comportement, et rigoureux en instruction. Sa grande sensibilité lui a fait s’intéresser particulièrement a notre aventure.

Je fais surement un raccourci en disant que pour les mirauds volants, Patrice c’est l’idée créatrice, et Éric c’est la méthode de mise en œuvre de ce pilotage sans les yeux.

Éric fait le tour de la piste avec un groupe de stagiaires à la Toussaint en 2002. Un groupe de cinq stagiaires observent Eric donner des instructions à un sixième penché sur les différentes lampes de repérage de piste au sol

Je le soulignais récemment, nous devons beaucoup, pour ne pas dire tout, a ces instructeurs de vol qui dans leur grande philanthropie nous acceptent a bord des aéronefs.

Éric fut le premier d’entre eux, non seulement a nous faire confiance, mais a chercher l’amélioration qui nous donnerait encore plus d’autonomie, comme dans ces échanges a la voix, des plus épurés.

Un grand merci Éric, tous les mirauds volants te doivent une fière chandelle. Grace a toi 23 ans après ils volent toujours, et pour longtemps avec ton souvenir dans leur cœur…

Adieu l’ami Éric et bon vol.

Jean-Claude

A la lecture des témoignages de Patrice et de Jean-Claude, même si je n’ai pas connu Éric, l’émotion m’étreint.

J’ose vraiment croire qu’en sa mémoire nous saurons tous ensemble continuer cette magnifique entreprise qu’est Les Mirauds volants.

Maïté

C’est une bien triste nouvelle. Je n’ai, moi non plus, jamais rencontré Éric mais j’en ai entendu parlé à plusieurs reprises bien évidemment.

Les Mirauds Volants sont désormais orphelins d’un de leurs papas.

Alors, Éric, bon dernier vol.

Thomas

Comme tous les Mirauds je ne connaissais pas ce monsieur si ce n’est lorsque Patrice nous parlait de lui et de Jean Claude quand ils ont débuté l’association les Mirauds volants nous le savons tous viennent de perdre un ami.

Qu’il soit en paix là où il est parti voler maintenant.

Francis

F-BSIU en plein ciel en 2004

Je découvre et constate tardivement cette nouvelle qui m’attriste ….

Bien que je le connaissais peu, j’ai eu l’occasion de le croiser et la chance de voler avec lui, notamment sur un stage à Auch à une époque où le SOUNDFLYER n’était qu’une idée durant lequel il m’avait demandé de reprendre les commandes en fin de finale pour me faire une démonstration d’un atterrissage ultra court suite à la mise en pression d’un autre aéronef…

Impressionnant ! Approche presque à la verticale, tout volet sortie, gros coup de frein au touché, et hop! Sortie en douceur mais quasiment immédiatement sur le premier taxiway bâbord pour dégager la piste… On se serait cru sur un porte-avions. Et tout ça, dans le calme et en donnant des explications techniques…

Un grand Monsieur nous a quitté….

Sur le peu de temps que je l’ai côtoyé, je me souviens d’une personne plutôt « réservée », je veux dire pas extraverti ; une personne qui laisse de la place aux autres, qui fait attention aux autres, et très sympathique.

Si il fallait un (ou des) fous pour tenter cette aventure, il en a sans aucun doute fait partie aux côtés de Jean-Claude et Patrice en permettant sans doute à l’association de prendre son envol, en contribuant à poser les bases de la méthode, en ouvrant des portes et en facilitant sans doute la reconnaissance de l’association dans le milieu aéronautique.

De ce que je sais, sa vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille et il a traversé bien des turbulences, mais il a mis sa générosité et son ouverture d’esprit au service des Mirauds Volants lors de nos premiers tours de pistes et plus encore…

Un grand Monsieur s’est envolé. Éric, merci pour tout ce que tu as fait, quelque part, tu restes à jamais parmi nous.

Bon vol à toi.

Luc

Le 30 septembre 1997, il est 10 h 25 et, en compagnie de mon instructeur Daniel Coimé et d’un ami Francis Rocher, nous décollons du terrain de Toulouse-Lasbordes à destination de celui d’Auch-Lamothe. En prenant cette décision anodine et de la rencontre que j’allais faire avec Éric Van Royen (alors instructeur et chef pilote à l’aéro-club des Mousquetaires d’Auch), j’étais bien loin de me douter qu’allait commencer, pour moi et pour près de deux cents personnes aveugles ou mal voyantes, une fabuleuse aventure humaine et technologique.

Patrice

Souvenirs

Les passages qui suivent sont extraits du livre de Patrice Radiguet, « Mirauds d’accord mais pilotes d’abord », édité aux éditions VOLEZ, dépôt légal : deuxième semestre 2012.

Si dans un prochain chapitre je parlerai longuement de Jean-Claude Laporte, troisième mousquetaire fondateur des Mirauds Volants, il me fallait dès à présent consacrer un passage de cet ouvrage à celui à qui notre association doit tant.

Instructeur et Chef pilote à l’aéro-club des Mousquetaires d’Auch avec qui nous allions faire tous nos débuts, tu fus dès le départ et pendant de longues années, Éric, le Secrétaire et le Chef pilote des Mirauds Volants.

C’est avec toi que, partageant de nombreuses et passionnantes heures de vol dans le ciel auscitain, nous avons mis au point la méthode de guidage à la voix, toujours en vigueur dans notre association. C’est aussi avec toi que, utilisant la structure de notre petit aéro-club ainsi que pendant de longues nuits dans votre maison de Castéra aidés par ta compagne Marie, nous avons fondé toutes les bases de cette association qui, même aujourd’hui, demeure unique au monde. C’est encore sur le petit Cessna 150 des Mousquetaires, le
F-BSIU, que tant de pilotes handicapés de la vue ont fait leur premier vol aux commandes avec toi en tant qu’instructeur.

Passionné de la première heure même si tu as bien souvent su modérer mes ardeurs, convaincu toi aussi que les aveugles et les malvoyants pouvaient aller nettement plus loin dans le domaine aéronautique que le simple « baptême de l’air », tu avais ta façon bien à toi de leur prouver que c’était réellement eux qui tenaient les commandes. Lors de moments de doute où nous aurions pu croire que c’était toi qui manœuvrait effectivement l’avion, tu posais tes deux mains sur les épaules de ton élève et tu t’écriais : « tu vois bien que c’est toi qui pilote ! » nous témoignant ainsi toute ta confiance.

Mais tu as souhaité quitter l’aventure en cours de route et j’en suis sincèrement triste car tu n’as pas pu vivre à nos côtés certaines des avancées techniques et pédagogiques pour lesquelles tu avais pourtant tellement œuvré à mes côtés, sources de grande joie qui venaient corroborer tant de nos hypothèses ; tout juste as-tu assisté aux débuts du dispositif Soundflyer.

Mais c’était ton droit de vouloir te mettre en retrait, et je n’ai, par la suite, jamais manqué de te tenir au courant de l’évolution d’une association pour laquelle tu as tant fait.

Qu’ici tu en sois remercié, Éric, même si les mots ne seront jamais à la hauteur de ce que tu nous as donné.

Patrice Radiguet, "Mirauds d’accord mais pilotes d’abord" (2012)

Chapitre 1, page 9

Bien souvent, vous, les plus anciens des Mirauds, vous êtes-vous posé la question : « mais, qu’est donc devenu le petit Cessna 150 de l’aéro-club des Mousquetaires, cet avion qui a vu débuter tant d’entre nous ? »

Eh bien, parce que l’effectif de notre aéro-club était devenu trop réduit et que nous restions trop peu nombreux à faire voler le F-BSIU (malgré les stages des Mirauds), nous avons dû mettre en vente notre petit avion en attendant des jours meilleurs. Bien triste, me direz-vous… C’est hélas le lot de bon nombre de petits aéro-clubs qui, tel le nôtre, ne peuvent arriver à survivre en raison des frais croissants liés à l’exploitation de nos avions.

Mais, parallèlement à cette « mise en sommeil » des Mousquetaires, existait une idée.

Comme vous ne le savez peut-être pas tous, Éric Van Royen, le secrétaire et chef pilote des Mirauds Volants est, bien sûr instructeur de vol sur avions terrestres, mais il est également l’un des rares instructeurs hydravion en France. Lorsque l’aéro-club décida de mettre en vente notre petit Cessna, c’est Éric qui l’a racheté avec l’idée de le mettre sur flotteurs et… sur le lac de Biscarrosse, patrie de l’hydravion, s’il en est.

Oh, ce ne fut pas chose facile, bien loin de là. Étant très proche de lui, j’ai toujours suivi, de plus ou moins près ses galères et difficultés de tous ordres dans la merveilleuse aventure qu’il mettait en place. De la recherche de locaux, (finalement solutionnée par une caravane-atelier et une autre lui servant de bureau et d’habitation) implantées au bord du lac, aux recherches de pièces suivies par des commandes et leur délai interminable de livraison… tout y est passé. Bien des fois, Éric, sa compagne Marie et nous tous, leurs amis, en ont eu le moral laminé. Que de fois toute l’entreprise a failli vaciller lorsqu’un arrivage annoncé du Canada ou des USA sous quinze jours n’arrivait qu’au bout de deux mois interminables.

L’avion, il devait initialement être prêt à voler pour le rassemblement international des hydravions de Biscarrosse, du 20 au 23 mai 2004, mais trop de matériel manquait encore. Puis, on a cru qu’il pourrait être prêt pour démarrer la saison d’été ; les travaux marquaient encore le pas et trop de problèmes n’étaient pas résolus. À l’occasion des premières vacances que j’ai pu prendre depuis la fondation des Mirauds, j’en ai profité pour aller passer une semaine de mon mois d’Août auprès de mon ami Éric. Là, j’ai pris la mesure de ce à quoi peut conduire une passion : travail sur l’avion tous les jours, qu’elle que soit la météo, dehors, qu’il pleuve ou par quarante degrés à l’ombre, journées interminables souvent achevées bien après le coucher du soleil… Mais il y avait toujours les copains, le soir autour des grillades. Et ça, ça fait du bien.

L’automne s’est annoncé, avec ses jours qui raccourcissent, les copains qui s’en retournent à leur boulot et la solitude qui recommence : tous les jours seul à voir progresser le travail à pas de fourmi ; jamais aussi vite qu’il l’aurait raisonnablement fallu. Fidèle, un petit rouge-gorge tient pourtant compagnie à Éric ; p’tit Pouic est même tout à fait apprivoisé et vient se nourrir au bout de son doigt. Mais au bord du lac de Biscarrosse, le vent a fraîchi et les soirées, en se rallongeant, sont aussi devenues plus froides dans la caravane. Des nouvelles, le plus souvent possible… Des encouragements par téléphone « allez, tu as fait le plus gros… tu tiens le bon bout… » Et des doutes, encore des doutes… Avec seulement ses cent chevaux, le Cessna sera-t-il seulement capable de s’arracher du lac ? Les mauvaises langues disent qu’il ne décollera jamais, et même si on sait qu’au Canada (autre patrie de l’hydravion) de nombreux Cessna 150 volent équipés eux aussi de flotteurs, ça fout quand même un coup au moral.

Le jeudi 4 novembre, je rentre de Paris par le train de nuit : j’étais allé y représenter notre association lors d’une réunion. Un peu dans le pâté après ma nuit ferroviaire, j’arrive chez moi lorsque le téléphone sonne. C’est Éric, ça y est ! La veille, il a mis son hydravion à l’eau et l’a fait décoller pour la première fois. IL VOLE, et bien !

Ma décision ne tarde pas. Profitant du pont du 11 novembre, Anny et moi partons pour Biscarrosse. Il fallait que je voie, que je touche, que je vole moi aussi à nouveau avec le F-BSIU sur lequel Éric et moi totalisions plus de cinquante heures de vol, dans sa version terrestre.

Malgré le froid mordant des nuits passées sous la tente, au bord du lac, nous avons vécu trois jours en compagnie d’Éric et de Marie. Mais il vole, je l’ai vu de mes propres yeux, et il est d’une docilité aux commandes qui a surpris tous ceux qui l’ont mis sur le redent, puis sur une coque et… qui ont tout doucement tiré sur son volant pour rejoindre un ciel exceptionnellement d’azur en cette saison.

Alors, faites-le savoir autour de vous, dans vos aéro-clubs : un hydravion vole à nouveau sur le lac de Biscarrosse.

Bien sûr, pour nous les Mirauds, il s’agit là d’un pilotage difficile où, une fois encore, tout reste à inventer. Chaque manœuvre, chaque geste y est d’une grande précision et, bien plus qu’ailleurs, nous ne pouvons pas TOUT faire seuls. Mais pour l’instant, de même qu’au Petit Prince il suffisait de savoir que, quelque part, sur une planète du grand espace céleste, il avait été utile pour une rose, peut-être nous suffit-il de savoir que, dans une petite crique du grand lac de Biscarrosse un hydravion flotte doucement bercé par les vagues, et que cet hydravion, c’est notre ami Éric qui le pilote. Et ça, ça peut suffire pour nous rendre heureux.

Patrice Radiguet, "Mirauds d’accord mais pilotes d’abord" (2012)

Chapitre 9, pages 81 à 83