Jean-Claude Laporte nous offre aujourd’hui un peu de rêve… Une évasion Ô combien alléchante en ces temps aux périmètres restreints.

 

Au premier plan, Jean-Claude pose sur la piste du Bergons: sur une étendue de verdure, on aperçoit un chalet au second plan, une manche à air, puis, au loin, les sommets enneigés

 

« Chers Mirauds volants,

Ci-dessous, le récit d’un vol en montagne, réalisé juste avant le confinement.

En cette fin de mars printanier, nous décollons de Ponson pour une visite à Christian, sur l’altisurface du Bergons. Trois minutes avant notre approche, le silence des cimes est rompu sur la fréquence montagne :

« Un peu haut mon ami ! ».

Un avion nous précède dans le tour de piste de l’altisurface du Bergons, près des cols de Spandelles et du Soulor.

La poursuite de notre vol par la reconnaissance basse, nous indique juste un petit vent de sud. On y va !
Il est un point ou le demi-tour ne sera plus possible prévient Martial, mon instructeur, il faut être dans le bon plan. Et ça va vite, la bande verte droite comme un I fait face.
La concentration est totale, et tous sens éveillés nous cherchons la courbe idéale propice à épouser la pente progressive, vers les 20% en haut.
« Parfait mon ami », déclame cette fois ci ‘la voix dans la radio.

 

Vue depuis le poste de pilotage: à hauteur de tableau de bord, l'avant de l'avion est visible tandis que s'étendent les montagnes légèrement saupoudrées de neige en haute altitude, la verdure occupant leurs pieds.

 

La voix, c’est le maitre des lieux, Christian EXIGA, commentant l’approche de ses visiteurs vers les 1000 m de son nid d’aigle. Le pilote devant nous, c’est Louis PENIA, légende de la voltige, en provenance de Dax.

Ici, l’humilité est plus qu’une qualité, c’est un devoir, tant l’aérologie en ces lieux peut changer de minute en minute. Et dans cette quête de perfection du toucher, « the voice » est précieuse.

Contact coupé, et les freins bien serrés…lol, nous quittons notre A22   sur l’étroit plat, au pied d’une barre rocheuse ornée du chapeau des dernières neiges. Quelques pas sur l’herbe en suivant les boutons d’or, nous conduisent dans le chalet autour d’une table.  Non, pas pour casser la croute mais nous y retrouvons Louis, venu lui aussi faire dédicacer le livre que Christian, à ses 80 ans, vient d’écrire sur sa vie : « Des cimes et des ailes ».

Et là, Christian entame un dialogue du siècle passé :
– Toi aussi Louis tu as commencé à l’ALAT *?
– Oui en 62, et toi Christian ?
– Moi en 57, nous aurions pu nous y rencontrer ajoute Louis, rires.

 

De profil, Jean-Claude est tout sourire à son poste de pilotage, sur fond de monts verts, de ciel bleu et un bout de l'aile de l'avion. Il est en plein échange avec la fameuse "voix" à l'aide de son micro.

 

C’est une véritable rencontre au sommet de ces 2 moustachus devant bien compter une soixantaine d’années de pilotage chacun. Et avec quelle exigence quand on sait la consigne des instructeurs montagne ; pour aller au Bergons, il faut être en forme !

En créant cette altisurface en 1998, Christian a ouvert la voie des cimes aux pilotes amoureux de nature et de silence.

Tout heureux d’un moment si rare, nous replongeons dans la vallée, sous la voix du maitre à bord, en :  droite 10, plus 3…, et souvent 0 0… Lol !

Jean-Claude  – 25 mars 2021

* ALAT : Aviation Légère de l’Armée de Terre.