Il y a un an je titrais mon mot : Pourtant… Je viens finir la phrase : que la montagne est belle !
Ce n’était qu’un flirt, juste entrer dans la vallée et demi-tour.
Aujourd’hui je suis passé à l’acte, c’est si bon !
Il est 9h ce vendredi 4 septembre quand mon cousin Michel me conduit sur la piste de Ponson.
Bizarre, Martial a une demi-heure de retard avec le toujours jaune et vaillant A22.
Explication à son arrivée, un TBM 900 en pleine accélération au décollage de Tarbes – Lourdes Pyrénées, a percuté une buse venue chasser le mulot dans l’herbe fraîchement coupée des bords. Encore au sol, il a pu tout inverser et, plus de peur que de mal, juste quelques plumes pour l’oiseau, mais l’avion est à l’atelier…
Le soleil radieux nous invite à la mise en route, et check-list faite nous quittons en 10 l’herbe de Ponson, en affichant le cap 150 degrés vers notre
destination : Peyresourde-Balesta LFIP, l’altiport 007*. Le contrôle de Tarbes Lourdes nous autorisant à couper les axes en montée, nous survolons les
immenses parkings bondés des liners cloués au sol par la pandémie. C’est donc tout droit que nous atteignons les 6 000 pieds en croisière et l’entrée de
la vallée de Campan, en affichant la fréquence 130 montagne.
Alors on se cale dans le fauteuil comme au cinéma, et on lance la vidéo chromatique dont on ne se lassera jamais : sous le bleu profond du ciel, se détachent quelques encore blanches plaques de neige du versant Pic du Midi à notre droite. Et Martial de me redire la vie pastorale, poumon économique de ces vallées, les belles petites granges sur les versants, des moutons et des vaches la tête dans l’herbe si verte, qu’on en mangerait … à en devenir végétarien ! Bientôt en vue le lac de Payolle et le col de la Hourquette d’Ancizan, petit frère du col d’Aspin voisin, où avait été planté le décor d’un village féodal en pieux de bois, pour le tournage du film l’An mil.
La fréquence montagne est calme, les voix y sont rares et sereines, on sent le pilote concentré, ici souvent « moustachu » plutôt à poil blanc tel le poireau…
LOL. C’est dans un air totalement stable que s’ouvre la vallée du Louron avec son joyau de lac émeraude, orné de rares parapentes bigarrés, plus en dessous de nous mais à surveiller de près. L’annonce de notre approche reste sans réponse, c’est de l’auto information avec strict respect de la procédure des points de report Novembre Unité, Novembre 2, puis Sierra. D’abord un passage haut, cap sud, travers piste 09…, puis retour plein nord pour un passage bas verticale des installations.
« Vent nul et piste dégagée » annonce concentré, mon James Bond d’instructeur. S’en suit le classique circuit, étape de base et finale, face à la montagne.
Le ruban noir se dresse a 15% de moyenne, mais 20 au sommet.
Surtout pas plein réduit me rappelle Martial, il faudra remettre du régime pour arriver en haut. L’arrondi bien tenu, on épouse la pente et on se sent pendus à l’hélice en régime, avant de basculer sur le plat parking, havre de sérénité. A près de 1 800 m l’air est frais, et des voix autour nous indiquent nombre de camping-cars parqués touche à touche. Ce sont les suiveurs du Tour de France qui demain franchira le col de Peyresourde tout proche, pour une arrivée d’étape dans la vallée à Loudenvielle. Les mollets des coureurs se souviennent encore de l’arrivée sur l’altiport il y a 3 ans !
Un verre d’eau fraîche et quelques palabres après, le rotax est réanimé au quart de tour, mais il faut un point fixe sécurité de 30 s, en cas d’avion sans radio en approche sous la pente. Ok on s’aligne, palonnier au neutre, freins serrés, plein régime et on lâche tout ! On est comme catapultés dans le vide, à peine 3 secondes suffisent à sentir les filets d’air nous reprendre en main, on sent la compression, puis on redevient légers, oiseaux, ou plutôt rapaces ici. Un dernier coup d’œil partagé par mon copilote sur la majesté des sommets avoisinants, et nous quittons ce lieu magique en affichant le cap 330 degrés, pour environ 33 Nautiques de vol retour. Ce cap ne sera altéré que par un léger détour pour éviter des vautours spiralant dans une ascendance : « pas envie de les voir de trop près, et puis nous n’avons que 2 places… ».
Les 2 Peyre sont désormais reliées**.
La ligne Peyresourde / Peyrehicade de Ponson est ouverte. Elle a de fortes chances d’être régulière, par la joie et les sensations qu’elle donne aux pilotes.
Merci Martial !
Jean-Claude LAPORTE, le 4 septembre 2020
Notas*
L’altiport de Peyresourde-Balesta LFIP, est nommé l’altiport 007, en raison du film James Bond tourné en ce lieu.
Peyrehicade est le lieu-dit cadastral de la piste de Ponson.
Le préfixe « peyre » est la pierre en occitan (pour les Parisiens…)
Et hicade = fichée, donc pierre fichée. En ce point haut, exista une borne des temps anciens…
Et sourde ? = jaillie, soit pierre jaillie, sûrement borne ou cairn guidant le voyageur…
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